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Photo du rédacteurMarie Ters

Courir sans peur du loup

Des freins que l'on s'invente et du plaisir de les contourner!



On a tous un gentil loup et un méchant loup en soi.

Dans la voiture, en allant à l'école, le gentil loup (appelons-le LoulouChou) me dit :

- Chiche ? Course à pied ce matin, plutôt que marche?

Le méchant loup (appelons-le LoulouRelou) répond :

- Mmmm, j'ai pas mis mes genouillères, je vais encore avoir mal. Pis, un pull en laine pour courir, ça le fait pas : ça sent tout mauvais quand on transpire dedans. Non-Niet-Nada, pas possible la course!


Enfant déposé, LoulouChou retente une sortie :

- Il fait beau, il fait frais, on est lundi : tous les critères sont là pour aller un peu plus loin que d'habitude. Le footing et moi, ça fait 2, mais je suis tellement fière, après.

- Oui, ç'aurait été avec plaisir, acquiesce LoulouRelou. Malheureusement, mon survet n'a pas de poche pour mettre les clés et j'ai pas mes écouteurs pour la musique. Balaud-la faute à pas d'chance : ce sera marche à pied!


Je me gare, le chemin s'offre à moi : je sors mes bâtons de marche mais plutôt que mes bras s'activent pour les régler, ce sont mes jambes, endolories par une mauvaise nuit, qui me réclament du mouvement et se mettent à courir.

- Hey oh, je suis pas prêt psychologiquement!! s'écrie LoulouRelou

- Un pull de laine, ça se lave; les clés de la voiture, je les garde à la main; la musique, c'est celle de mon souffle; et SI j'ai mal aux genoux, je continuerais en marche. Ca te va? cajole LoulouChou

-...

LoulouRelou en est coi et laisse LoulouChou prendre les commandes.



Un pas après l'autre, je réalise que je n'ai pas besoin de tous ces artifices pour me mettre en route. Si elles ont été nécessaires pour débuter ma pratique de la course à pied, ces béquilles me freinent désormais et je peux m'en séparer. Je ne suis pas une grande sportive: la course de ce matin a duré 20min à un rythme proche de celui de la marche :)) Mais mon corps a bougé plus, mes articulations ont amorti, mes poumons ont expulsé, mon coeur a apporté plus de sang à mes ptites cellules, mes muscles ont généré de l'énergie partout : bras, dos, cuisses, mollets. Chacun a repris son rôle à plein : la réponse, ce matin, n'était pas ailleurs que dans tout ce que j'avais de déjà pleinement opérationnel dans mon corps.

Et j'ai pas eu mal aux genoux ;)


Et à l'arrêt, ohlala, à l'arrêt ! C'est plein de petites fourmis qui s'agitent de haut en bas, jusqu'au bout des doigts, jusqu'au bout des orteils. C'est une place folle dans mes poumons: on pourrait y loger à 8! Je lève la tête au ciel : des petits papillons devant les yeux me le font paraître encore plus grand et en mouvement, lui aussi.


Retour au calme. Dans l'enclos voisin, je vois une jolie chèvre brune montée sur un tas de bois pour m'observer. Et mon gentil loup lui fait coucou!



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